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Ma seule jolie histoire d'amour

Les femmes et moi, ça a toujours été spécial. Une suite de mariages de déraison et d'échecs lamentables qui n'ont même jamais pris cinq minutes pour se déguiser en passion.
Sentiments de troisieme choix et parties de jambes en l'air médiocres. Toutes m'ont laissé des épines dans le coeur. Toutes sauf Iona... Une pute. Trop vieille pour travailler de jour mais trop jeune pour mourir.
C'était y a trois ou quatre ans. Je baladais ma carcasse à Pigalle à mater les grattes dans les vitrines des bouclards d'instruments qui ont annexé le quartier. Je sais pas en jouer mais je trouve ça beau un gratte. Et là, une voix gratinée à la gauloise bleue et au mauvais champagne m'a fait sursauter.

- Toi, t'es épais comme une boîte d'allumette mais t'es mignon... Si tu veux monter, pour toi c'est gratuit.

Alors on est monté. Crois le ou pas, pas parceque c'était gratuit. C'était la première fois depuis le berceau, qu'on me disait que j'étais mignon.

- En bonne pro, elle m'a essoré les burnes en moins de temps qu'il n'en faut à Virgine Despentes pour conjuguer le verbe "baiser" au présent de l'impératif.

Je finissais ma troisieme clope quand elle s'est levé. Elle avait un corps à la fois lourd et grâcieux. Un mélange entre La Callas et Tarzan. Bizarre!!! Le cheveux terne, le teint terne, mais des yeux qui font de la soudure à l'arc et un sourire comme un lever de soleil. Elle a passé une robe de chambre en soie acrylique qui cherchait desespérément à se faire passer pour un kimono, avec ses caracteres japonais et son dragon dans le dos.
Je me rallumais une clope quand elle a demandé :

- Tu connais l'opium ?
- Non...
- Tu veux que je te présente ?
- Ouais.
- Attends une seconde... j'arrive...

Pour moi l'opium, c'était une abstraction exotique.... Un défi pour l'imagination.
A priori j'avais rien contre l'ivresse, mais plutôt du genre terroir. Ce que je descendais comme pinard faisait sensiblement monter la consommation nationale  et me laisser en tête-à-tête avec une bouteille calva relevait de la provocation. Mais l'opium....
Elle est revenue avec une pipe en bambou à petit fourneau longue comme un jour sans boire, une petite lampe à alcool et une aiguille à chapeau sur laquelle etait plantée une boulette noireâtre.

- Si c'est ta premiere fois, t'essaieras avec le dross.... M'en reste pas des masses.

Elle s'est rallongée, a posé la lampe a alcool sur la table de nuit et s'est mise a y chauffer la boulette qui a commencé à crépiter. Elle l'a laissé couler dans sa pipe et l'a allumée. Elle a tiré deux longue taffes et son visage à retrouvé une carnation envisageable. En moins d'une minute elle avait rajeuni de 15 ans.

- A toi maintenant.

C'était donc ça le dross. C'est l'opium quand il a déja été fumé. C'est ce qu'utilisent les opiomanes en manque... Eux ça les calme... Moi ça m'a amené un peu au sud du Paradis. On est restés allongés, comme ça, vautrés dans la langueur le temps d'une courte éternité.
Moi stakhanoviste de la cuite, amant insatiable des boissons fermentées toujours prêt à rendre un hommage appuyé a Bacchus, je découvrais que si l'alcool était un Hiroshima personnel, l'opium était une flamme douce et sereine.... Je baisais un ange.

Quand suis sorti de ma torpeur bienveillante, Elle dormais. Je me suis habillé en silence et je me suis éjecté, à regret, dans la froide réalité.

Je n'ai jamais revu Iona, mais elle reste ma seule jolie histoire d'amour.



07/12/2005
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